Patronymes et sobriquets, de Courry (30) au XIXème et au XXème siècle (suite 2)

Publié le par courry-clapas

Courry-Clapas, article 24 :

 

CHAZAL: nom connu, en Occitanie, qui a pour racine le mot "casal" (maison délabrée). Toponyme à l’origine ce nom s’est transformé en patronyme. En France il y a environ 4.202 personnes qui portent ce nom.   

 

 Dans un compoix de Courry, de 1768, on retrouve souvent le terme de "chazal" pour désigner une masure.  A proximité de Courry, dans la commune de Saint-André de Cruzières (Ardèches), un hameau porte le nom de "Chazelle" qui peut se traduire par « masure à elle »  (ruine appartenant à une femme).

 

A Courry, plusieurs familles de Chazal cohabitaient. De nombreuses personnes ont en mémoire le dénommé Fernand Chazal dit le Sambu. En patois le mot sambu (origine latine = sambucus) désigne un arbre : le sureau. Pourquoi ce sobriquet ? Probablement, cette famille habitait près d’un sureau. Avant, les enfants, pour s’amuser, fabriquaient avec des branches de sureau des sarbacanes. La moelle, des bâtons, servait de projectile. Chez les adolescents, des branchettes du même arbre permettaient de confectionner des fausses cigarettes. Fumer du bois de « sambu » avait pour conséquence d’irriter la langue avec de forts picotements. Cette pratique se faisait en dehors du regard des parents. Elle initiait à fumer… gratuitement !

Dans les familles Chazal, une habitait près de la mairie, le père portait un sobriquet « Le Denfert » (c’était son prénom). Son fils était « Lou Mitchéou » (prénom, Michel, en patois).

 

 

Inscriptions au monument aux morts de Courry : "Chazal Amédée, tué à Bois de Beau Marais (Aisne) en octobre 1915" et "Chazal Clovis, tué à Burger-Wald (Alsace), le 29 janvier 1916".

 

Ce nom n’est plus usité à Courry.

 

COMBAL : ce toponyme (lieu-dit) est devenu patronyme (nom de famille). Il a pour racine le mot patois « combe » (vallon). Ce nom est très répandu en Languedoc.

 

A Courry, il y avait une famille de Combal au quartier du Castilhoux près du hameau de « La Combe ».

 

Variantes : Combe, Combette, Combalier, Lacombe, Delacombe …

 

Ce nom n’est plus usité à Courry.

 

CONTE: nom de famille, porté par 3.600 personnes en France. Il vient d'un sobriquet à plusieurs sens:

1) Personne qui travaillait pour un "Comte" (titre nobiliaire). L'étymologie vient du latin "comes" qui se traduit par "compagnon" et qui désignait un haut personnage de l'empereur romain choisi pour le conseiller.

2) Désignation ironique de celui qui avait de nombreuses terres.

3) Pour le sud-est de la France on peut avancer l'hypothèse du nom donné à la personne qui arrivait d'un "Comté" (territoire possédé par un comte) ou d'un "Comtat" (synonyme de comté). Dans la vallée du Rhône il y avait le "Comtat d'Avignon" et le "Comtat Venaissin". L'analyse, des statistiques du nom de "Conte", fait apparaître la plus grande concentration dans les trois départements français suivants: les Bouches du Rhône avec 352, les Alpes Maritimes avec 262 et l'Isère avec 212.    

 

A Courry, au début du siècle près de la mairie, se trouvait un menuisier dénommé Conte Martin qui portait un  sobriquet « Le Bin ». Ce mot est une aphérèse (ablation) de (Ro) … (Bin) qui lui-même est une « hypocoristique » (intention affectueuse) du vocable « Robert ».

Louise Conte "La Louise" et son fils Jules Conte "Le Jules" de "La Croix des Parens"

Louise Conte "La Louise" et son fils Jules Conte "Le Jules" de "La Croix des Parens"

COSTE : nom très répandu, en France 15 821 personnes portent ce patronyme. L’Ardèche détient le record. L’origine de « Coste » vient du vieux français « cousto » qui désignait le penchant d’une montagne, une côte, un flanc… En patois, on trouve le mot « couosto ». En topographie, nous trouvons des patronymes ou des lieux-dits  avec les variantes : Lacoste, Costas, Cotelle…

 

Plusieurs foyers de Coste vivaient à Courry et une des familles portait le surnom « Les Coustets », Le père « Le Coustet » et son épouse « La Coustette ». Une autre « Demoiselle » était « La Jean Coste » (la fille de Jean).

 

Ce nom n’est plus usité à Courry.

 

Inscriptions au monument aux morts de Courry : Coste Jules, disparu, août 1914. Coste Abel, mort à Loisy (Meurthe et Moselle), 24 juillet 1918.

Mas de "La Jean Coste"aux Plots (d'un état de ruine, il a été restauré en belle bastide)

Mas de "La Jean Coste"aux Plots (d'un état de ruine, il a été restauré en belle bastide)

DALVERNY : d’après les dictionnaires des « Noms de famille » ce patronyme serait une variante de « Alvergne » qui signifiait « Auvergne ».

 

A Courry, une échoppe de cordonnier tenue par un Dalverny se situait à proximité de l’épicerie actuelle. Ce nom a été perpétré par plusieurs générations.

 

Inscription au monument aux morts de Courry : Dalverny Firmin, tué aux Dardanelles, 1er juillet 1915.

 

Ce nom n’est plus usité à Courry.

Charles Dalverny (1937)

Charles Dalverny (1937)

Emma Dalverny surnommée "L'Emma" (mère de Charles)

Emma Dalverny surnommée "L'Emma" (mère de Charles)

DUMAS : la source de ce nom est latine : « mansus » (domaine agricole avec ses dépendances). Elle désignait celui qui habitait un « mas » (ferme). Dans le même sens, nous trouvons « Delmas » (del = du + mas).

 

Ce nom n’est plus usité à Courry.

 

Inscriptions au monument aux morts de Courry : Dumas Augustin, tué le 21 mai 1916. Dumas Louis, tué à Lingekopf  le 26 juin 1916.

 

DURAND : patronyme fréquent en France qui a pour origine un ancien nom de baptême « Durandus » dérivé d’une forme latine « durare » pour désigner une personne obstinée ou endurante. De nombreuses variantes orthographiques existent : Duran, Durant, Durante, Durendeau, Durandin ...

 

Au siècle dernier, plusieurs familles coexistaient dans la commune de Courry. Nous retrouvons, toujours, l’application des sobriquets pour différencier les foyers, exemple : les Durand du « Village » devenaient « Les japators » parce qu’un des pères de famille répétait, sans cesse, le mot « japator » qui se traduit par « Je n’ai pas tort ». Son épouse avait hérité du surnom de « La Japatorde ».

 

Ce nom n’est plus usité à Courry.

Enfants Durand de l'Aulanet (1921), ils seront victimes de la tuberculose. La jeunesse de Courry a été durement touchée par cette maladie

Enfants Durand de l'Aulanet (1921), ils seront victimes de la tuberculose. La jeunesse de Courry a été durement touchée par cette maladie

DONES : ce nom aurait, pour, origine le mot « danders » qui correspondrait à « tonnerre », filiation à une personne à la voix forte, tonnante. Ce patronyme s’est développé dans l’Ariège, dans le Gers ainsi que dans le Loiret.

 

ESTIENNE : est la prononciation patoise d’Etienne. Ce patronyme doit sa popularité au culte de Saint Etienne, premier martyr chrétien lapidé, vers l’an 36, en Judée. De nombreux noms dérivent d’Etienne : Estienne, Estève, Estienny, Etienvre , Etiennet …

 

Ce nom n’est plus usité à Courry.

 

FABRE : ce nom a pour origine « faber ». Il évoque celui du forgeron. Il a donné de nombreuses variantes : Fabregoul, Faure, Fabrega, Fabra, Fabregue …

 

A Courry vit, aux « Plots », une famille  Fabre. Au siècle dernier, le chef de famille était paysan, cordonnier et avait construit, avec l’arrivée de l’électricité en 1927, le premier « moulin à piser » (à décortiquer les châtaignes séchées) de la région. Il avait pour surnom « Le Fabrou » et sa femme « La Fabrette ».

Fabre Marcel dit "Le Fabrou" dans son châtaignier au hameau des Rivières

Fabre Marcel dit "Le Fabrou" dans son châtaignier au hameau des Rivières

Pour consulter « Sources et bibliographie » voir à la fin de l’article 23.

 

Suite de la recherche dans un prochain article (n° 25).

 

Christian Talon

 

Publié dans Histoire Courry 30

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